1. Les amis de Notre Dame de Lourdes

  2. 29600 Morlaix - Finistère

 

Le 29 janvier 1943 reste la journée la plus meutrière que connut l’histoire de Morlaix. En effet, si en 1522 et dix ans plus tard en 1532, les anglais effectuèrent des raids sur Morlaix, pillant la ville, mssacrant beaucoup d’habitants, ces raids furent beaucoup moins meutriers que le bonbardement aérien et furent plus espacés dans le temps. Or en ce 29 janvier les bombes tuèrent en quelques miutes plus de 80 personnes dont plus de la moitié furent  des enfants.


            Voilà donc bientôt 60 ans, par un après-midi ensoleillé annonçant le printemps, la ville sortait de sa torpeur sous les "flacs" de la DCA ( Défense Contre les Avions) allemande. Il était exactement 14 Heures 15 à la mairie de Morlaix.

                       Quelques secondes plus tard, les sinistres hurlements des sirènes appelaient la population à se mettre à l'abri. Et le drame se produisit, rapide comme l'éclair, bruyant comme le tonnerre.


            Une première vague de six avions piquant sur le viaduc ferroviaire lâcha ses bombes qui explosèrent dans un fracas épouvantable. Alors que les nuages de fumée montaient dans un ciel d'azur, une seconde vague de six bombardiers larguait son chapelet achevant de meurtrir la ville. Tandis que les avions, leur terrible mission accomplie repartaient, l'un d'eux touché, traînant en arrière, le drame au fil des minutes apparaissait dans toute son horreur.


            Quarante-trois bombes étaient tombées: deux avaient atteint leur objectif touchant la quatrième arche du viaduc, coté Paris et une pile. L'arche était coupée aux deux tiers. Mais les autres bombes avaient explosé sur l'église et la sacristie Saint Melaine, au Créou, au Carmel, au Calvaire, à Penanrue, au cimetière Saint Charles, place Thiers ( aujourd'hui Place des Otages ) , à Saint-Martin et sur l"école Notre Dame de Lourdes, tout près du viaduc. C'est là que le drame atteignit son paroxysme, les bombes s'étant écrasées sur la classe enfantine tuant 39 petits de 4 à 7 ans et leur maîtresse Soeur Saint-Cyr.


            Les secours s'organisèrent très rapidement dans les différents quartiers. A Notre Dame de Lourdes accouraient les parents affolés car la terrible nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Papas et mamans fous de douleur recherchaient dans les décombres des corps mutilés, tentaient de reconnaître le bambin qui, quelques heures plus tôt, faisait la joie de la maison. Deux familles perdirent chacune un petit garçon et une petite fille. Plusieurs ne purent être identifiés. Au coeur de la ville gisaient place Thiers des corps, des membres arrachés...


            Une quarantaine de blessés furent transportés au Collège des filles, au Château, qui servait d'hôpital, l'autre étant en grande partie réquisitionné par l'occupant. La plupart des blessés transportés par des véhicules roulant au gazogène et ne pouvant monter l'abrupte côte étaient brancardés jusqu'au collège où médecins, infirmières et religieuses s'affairaient pour les sauver.


            Les cadavres enlevés, les blessés secourus, les hommes de la défense passive et une armée de volontaires se mirent en devoir de déblayer la ville, de fouiller les décombres des 20 immeubles totalement détruits, des 40 sérieusement endommagés sur les 150 touchés.


            Quant au viaduc, il se trouvait inutilisable pour les allemands pour quelques jours, car dès le 08 février, sur une seule voie, le train pouvait encore passer au-dessus de la ville pour desservir le port et la base sous-marine de Brest.


            Il est permis de s'indigner que six écoles se soient trouvées si près du viaduc, car c'est bien lui qui était visé. mais à cette époque personne ne pouvait imaginer que Morlaix serait une cible. Pourtant la radio de Londres demandait aux populations de d'éloigner d'objectifs potentiels. Bien évidemment jamais ne fût lancé un message, même codé, avertissant du bombardement, ce qui eût été une invitation pour les avions de chasse allemands à attaquer les bombardiers alliés avant même qu'ils ne survolent la Bretagne.


            Durant les années 1942-43, les anglo-américains subissaient de lourdes pertes en Atlantique. Les sous-marins allemands, les fameux Uboots opérant principalement des bases de Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice, etc attaquaient sans relâche les convois reliant les Etats-Unis à l'Angleterre pour préparer le débarquement.


            Après avoir pris pour cible le viaduc situé au coeur de la ville de Morlaix n'était pas une erreur mais une faute impardonnable. La fin ne justifie pas les moyens. La ligne de chemin de fer était visée et il fallait empêcher les munitions et le matériel lourd d'arriver aux bases sous-marines. Cela se comprend. Mais il y avait plein d'autres ponts loin des agglomérations comme les viaduc du Relecq Keruon, de Guimillau et surtout celui de la Maugéon à l'ouest de St Brieuc. Ce remarquable ouvrage d'art plus haut d'un mètre que celui de Morlaix, quoique moins long, 228 mètres contre 292, est situé en pleine campagne n'ayant aucune habitation dans son environnement proche. Depuis 1978, la construction d'un barrage sur le Gouet a noyé près de la moitié du viaduc de la Maugéon. Tout l'étage inférieur se trouve maintenant sous  les eaux, ce qui, lorsqu'on le franchit par train ou par TGV ne donne pas la même impression qu'à Morlaix.


            Souvenons-nous des 39 petits enfants de l'école Notre Dame de Lourdes et des autres victimes du drame : elles furent plus de 80, car il faut y ajouter quelques soldats allemands dont le nombre n'a jamais été communiqué et les 4 aviateurs anglais tombés dans la Mache avec leur bombardier.


Michel Le Bars (Témoin du drame)